Pourquoi mon épaule est elle instable ? LUXATION BOURRELET GLENOIDIEN

L’épaule est une articulation que l’on caractérise de peu congruente, c’est à dire que les reliefs osseux n’assurent pas une stabilité primaire comme pour la hanche par exemple où les deux os « s’emboitent » l’un dans l’autre. Les deux surfaces en contact sont la tête de l’humérus de forme sphérique et la glène (partie de l’omoplate ou scapula) de forme plate. L’image que l’on peut vous donnez serait celle d’une balle de golf sur un tee.

La stabilité est donc assurer par des éléments non osseux qui ont un rôle passif pour certains et actif pour d’autres:

– la pression articulaire négative assure une coaptation articulaire

– le bourrelet glénoïdien : un des acteurs majeur de la stabilité, limite le déplacement notamment vers l’avant et l’arrière,

– les ligaments gléno-huméraux ont aussi un rôle qui ne doit pas être négligé, notamment vers le bas de l’articulation (ligament inférieur)

– les tendons de la coiffe des rotateurs ont un rôle actif dans la stabilité de l’articulation, leur travail en synergie assure une stabilisation active.

Les luxations surviennent en général au cours de l’adolescence et du jeune adulte, la survenue d’une luxation à un âge plus tardif doit faire rechercher des lésions associées (rupture des tendons de la coiffe des rotateurs)

L’évolution d’un premier épisode d’instabilité se fait très souvent vers la récidive. Cette récidive est plus fréquente si la première luxation survient à un âge jeune. Elle est en effet quasi systématique avant 20 ans.

Plus l’épaule se luxe, plus les lésions anatomiques sont importantes au niveau des éléments assurant la stabilité et au niveau du cartilage.

Les lésions anatomiques qui apparaissent après une luxation sont :

–       désinsertion du bourrelet glénoïdien située en avant en bas de l’épaule

–       fracture du bord de la glène

–       encoche au niveau de la tête de l’humérus

–       arrachement des ligaments gléno-huméraux

–       lésions des tendons de la coiffe des rotateurs.

Dans certaines occasions l’épaule ne se déboitent pas complètement, nous parlons alors de subluxations, le problème reste identique.

Y a t’il des examens à faire pour confirmer le diagnostic ?

Le diagnostic est souvent clinique. En effet, votre chirurgien va vous interroger sur les différents accidents d’instabilité que vous avez présentez puis il examinera votre épaule afin de chercher des facteurs favorisants (hyper laxité …). Lors qu’il existe une appréhension importante survenant sur certains gestes, le diagnostic devient évident.

Le bilan radiographique retrouvant votre épaule luxée est un élément important confirmant votre pathologie. Pensez à l’apporter à votre rendez vous.

Un bilan radiographique comparatif des deux épaules et parfois un arthroscanner ou une IRM peut être prescrit afin de rechercher les lésions anatomiques responsables de votre instabilité.

En fonction de vos lésions, votre chirurgien discutera des options envisageables.

L’intervention est elle obligatoire ?

Votre épaule vient de se luxer pour la première fois. Il existe un risque on négligeable que cela recommence, on parle alors de récidive. Ce risque de récidive diminue avec l’âge et est maximal avant 20 ans.

Le plus souvent une luxation est considéré comme un épisode anodin mais dans une grande majorité des cas l’instabilité qui est découle peut devenir invalidante dans la vie quotidienne, professionnelle ou sportive. IL s’agit en fait, d’un évènement relativement grave pour l’épaule qui n’est pas sans conséquences (luxations récidivantes, douleur sur certains gestes, impossibilité de reprendre votre sport ou votre travail).

La rééducation est utile pour réapprendre à bouger l’épaule après un épisode de luxation, elle permet de renforcer les muscles qui ont été affaiblis et de diminuer certaines douleurs. En revanche, elle ne permet pas d’éviter la récidive.

Une intervention peut se justifier dès le premier épisode afin d’évoluer vers une instablité chronique ou après plusieurs épisodes de luxations. Votre chirurgien discutera de moment le plus opportun avec vous pour organiser votre intervention.

Quelles sont les opérations chirurgicales qui existent ? SCORE ISIS

Le principe des interventions est de renforcer l’épaule en créant un butoir afin d’éviter que l’épaule ne se reluxe.

Ils existent deux grands types d’intervention chirurgicale :

–       réinsérer et renforcer le bourrelet glénoïdien

–       mettre en place une butée osseuse

Ces deux types de chirurgies dépendent des lésions anatomiques de votre épaule (lésions osseuses), des sports réalisés (judo, rugby) plus ou moins en compétition, de votre âge. L’hyper laxité est aussi un facteur qui modifie la prise en charge. En fonction de ces critères et de vos impératifs, votre chirurgien choisira la solution la mieux adapté à votre situation.

LES TYPES DE CHIRURGIES :

LA REINSERTION DU BOURRELET GLENOIDIEN : INTERVENTION DE BANKART

Principes

Cette intervention nécessite une hospitalisation en ambulatoire, c’est à dire que vous ne passez que la journée dans la clinique, vous êtes donc chez vous le soir

Cette intervention, la plupart du temps effectué sous arthroscopie (utilisation d’une caméra et d’instruments au travers de petites incisions cutanées) permet de réinsérer le bourrelet glénoïdien et de le renforcer par du tissu situé autours de l’articulation : la capsule articulaire (capsuloplastie). Cette intervention restitue le plus fidèlement possible l’anatomie de votre épaule comme elle se présentait avant les luxations.

L’intervention est réalisée au bloc opératoire sous anesthésie le plus souvent générale. Le médecin anesthésiste associe en fonction de vos besoins une anesthésie locale qui endormira votre bras pour plusieurs heures après l’opération.

Vous êtes installé, une fois endormi, sur le coté avec un système de traction permettant de décoapter votre épaule et permettre à votre chirurgien de réaliser l’intervention. Une désinfection de la peau est effectuée et des champs opératoires isolent la zone opératoire.

Une petite incision est faite en arrière de l’épaule permettant d’introduire la caméra. Une exploration articulaire est effectuée puis une seconde incision en avant est réalisée afin d’introduire les instruments qui vont permettre de réinsérer votre bourrelet.

Pour réaliser ce geste, un système d’ancrage est fixé dans l’os. Les fils disposés dans le système permettent d’appliquer le bourrelet glénoïdien et la capsule articulaire au niveau du bord de la glène et assurer ainsi un butoir en avant qui évitera les luxations.

La peau est refermée par du fils résorbable. Une fois le pansement réalisé, une écharpe coude au corps est mise en place. Vous êtes ensuite conduit en salle de réveil pour votre surveillance puis dans votre chambre. Dans votre chambre, le kinésithérapeute passe habituellement pour vous expliquer les mouvements à effectuer et ceux qui sont interdits. Après un dernier contrôle médical par le médecin anesthésiste ou le chirurgien vous êtes autorisé à rentrer à votre domicile.

Quelles sont les suites opératoires ?

L’anesthésie de votre bras va se dissiper progressivement. Les douleurs vont donc apparaître secondairement, ce phénomène est normal et ne doit pas vous inquiétez. Prenez les médicaments pour lutter contre la douleur qui vous ont été prescrits. L’écharpe est conservée pour 1 mois. Il n’y a pas de rééducation le premier mois afin de ne pas solliciter la réparation qui a été effectuée. La rééducation peut être modifiée en fonction de cas personnel.

Des soins infirmiers sont réalisés au niveau des cicatrices toutes 48 heures pendant une quinzaine de jours. Le fils est résorbable, il n’y a pas besoin de les faire retirer sauf cas particulier.

A la fin du premier mois, un contrôle est fait avec votre chirurgien afin d’autoriser le début de la rééducation. L’écharpe est définitivement enlevée.

La rééducation consiste à assouplir votre épaule, renforcer les muscles et réapprendre à utiliser votre épaule.

L’arrêt de travail dépend du type d’activité que vous effectuez, du bras qui est opéré en fonction de votre dominance, de l’utilisation de la voiture pour vous déplacer. Il est donc très variable, de quelques jours à plusieurs semaines.

La conduite est en général reprise vers le 45ème jour.

La reprise du sport de fait entre le 4ème et le 6ème mois.

Les risques spécifiques

En dehors des risques non spécifiques (infections, algodystrophie, hématome, trouble neurologique, défaut de cicatrisation) et des risques anesthésiques, certaines complications peuvent survenir :

–       Chondrolyse

–       Douleur résiduelle

–       Raideur articulaire

–       Récidive

–       Bris de matériel

–       Brûlure de la peau

Résultats

Cette intervention permet de stabiliser environ 90 % des épaules. Cela signifie qu’une épaule sur dix n’est pas suffisamment stabilisée. Il peut s’agir de récidives vraies ou bien a minima avec des douleurs résiduelles sur certains gestes (épaule douloureuse et instable) ou bien d’un inconfort persistant avec un manque d’assurance limitant la reprise des certaines activités physiques.

Très rarement un ré-intervention peut être proposée après échec d’une première opération.

BUTEE OSSEUSE : TECHNIQUE DE LATARJET

Qu’est-ce que la butée osseuse ?

Le principe de cette intervention est de venir renforcer le bord antérieur de l’épaule pour éviter que l’épaule ne se luxe en confectionnant un butoir osseux.

Il s’agit donc d’une greffe osseuse, le morceau d’os provient très généralement d’une excroissance située au niveau de l’épaule que l’on appelle la coracoïde, plus rarement il peut provenir de la hanche (aile iliaque).

L’intervention est réalisée au bloc opératoire sous anesthésie le plus souvent générale. Le médecin anesthésiste associe en fonction de vos besoins une anesthésie locale qui endormira votre bras pour plusieurs heures après l’opération.

Une désinfection de la peau est effectuée et des champs opératoires isolent la zone opératoire.

Une courte incision est réalisée devant l’épaule permettant d’effectuer le prélèvement de la coracoïde qui sera fixée en avant de l’articulation, réalisant la butée osseuse.

La peau est refermée par du fils résorbable. Une fois le pansement réalisé, une écharpe coude au corps est mise en place. Vous êtes ensuite conduit en salle de réveil pour votre surveillance puis dans votre chambre. Dans votre chambre, le kinésithérapeute passe habituellement pour vous expliquer les mouvements à effectuer et ceux qui sont interdits. Après un dernier contrôle médical par le médecin anesthésiste ou le chirurgien vous êtes autorisé à rentrer à votre domicile.

Un contrôle radiographique est effectué avant votre sortie.

Quelles sont les suites ?

L’immobilisation est conservée pour une semaine, le temps que les douleurs post opératoires s’atténuent. L’infirmière effectue les pansements toutes les 48 heures. Le fils est résorbable, il n’y a donc pas besoin de le faire enlever Les séances de rééducation commencent dès la semaine qui suit l’intervention. Votre chirurgien vous revoit à un mois pour un contrôle post opératoire avec une radiographie.

La rééducation consiste à assouplir votre épaule après l’opération, à renforcer les muscles et à réapprendre à utiliser votre épaule.

L’arrêt de travail dépend du type d’activité que vous effectuez, du bras qui est opéré en fonction de votre dominance, de l’utilisation de la voiture pour vous déplacer. Il est donc très variable, de quelques jours à plusieurs semaines

La reprise du sport se fait à la fin du 3ème mois.

Les risques  spécifiques

En dehors des risques non spécifiques (infections, algodystrophie, défaut de cicatrisation) et des risques anesthésiques, certaines complications peuvent survenir :

–       Fracture de l’épaule lors du prélèvement osseux

–       Fragilisation du prélèvement osseux qui sera moins bien fixé

–       Etirement des nerfs

–       Hématome

–       Récidives

Résultats

Cette intervention permet de stabiliser environ 95 % des épaules. Cela signifie qu’il existe 5 % d’échec. Il peut s’agir de récidives vraies ou bien a minima avec des douleurs résiduelles sur certains gestes (épaule douloureuse et instable) ou bien d’un inconfort persistant avec un manque d’assurance limitant la reprise des certaines activités physiques.

Très rarement un ré-intervention peut être proposée après échec d’une première opération.

Cette opération permet de renforcer l’épaule en modifiant l’anatomie de votre articulation, elle peut entrainer de l’arthrose sur le long terme.

FAQ

Je ne me luxe pas l’épaule, pourtant j’ai une épaule instable… EPAULE DOULOUREUSE ET INSTABLE

Vous avez subi soit un traumatisme, soit des micro traumatismes répétés qui ont altéré les fonctions stabilisatrices de votre épaule. L’épaule devient douloureuse  et l’instabilité est infra clinique c’est à dire qu’elle ne se manifeste pas par des épisodes de luxations. Pour autant les lésions sont identiques et doivent être prises en charge de la même manière.

Je peux me luxer l’épaule  tout seul, est ce bien ? LUXATION VOLONTAIRE

Les luxations volontaires surviennent sur un terrain d’hyperlaxité. Plus vous reproduisez ces luxations, plus vous distendez tous les tissus ligamentaires autours de l’épaule et votre intervention chirurgicale sera efficace. En effet, votre chirurgien travaillera sur un tissu déjà hyperlaxe que vous avez en plus distendu.

En général, il n’y a pas d’opération à prévoir mais parfois ces luxations deviennent involontaires et pose un réel problème de traitement.

Mon épaule se luxe en avant, peut elle se luxer en arrière ? LUXATION POSTERIEURE – EPILEPSIE

Les luxations d’épaules peuvent survenir en avant, en bas et aussi en arrière. Ces luxations postérieures sont plus rares (5% des cas) et apparaissent classiquement lors de crises convulsives (épilepsie) ou lors de choc électrique (électrocution).  Elles sont dues à une contraction très violente des muscles autours de l’épaule qui arrivent à déboiter l’épaule. Les récidives sont plus rares. En cas d’épilepsie, votre neurologue doit équilibrer le traitement afin qu’aucune crise ne survienne pendant 1 an avant de songer à faire stabiliser votre épaule.

Le sport ?

Ces différentes interventions sont proposées  régulièrement pour des sportifs. Une reprise de vos activités sportives sera possible. Le délai dépendra du type d’intervention et de votre récupération. Parfois l’intervention limite de quelques degrés la rotation externe de l’épaule rendant plus difficile, certains gestes. La pratique de l’escalade par exemple nécessite une réadaption de vos gestes afin d’aller chercher des prises éloignées.